Pratiques des professionnels de l'information et archive ouverte : application à un dépôt institutionnel
Le mouvement du libre accès vise à assurer un accès immédiat et gratuit à la littérature savante.
La création d’archives ouvertes repose sur le fait de disposer d’un point d’entrée unique grâce à un moteur de recherche permettant de retrouver facilement les publications scientifiques, et de disposer de normes de rédaction communes à l’ensemble des acteurs assurant l’interopérabilité.
Cependant, les archives ouvertes ne se sont pas répandues dans l’ensemble de la communauté scientifique malgré une sensibilisation des chercheurs.
Elles peuvent être soit thématiques organisées autour d’une discipline, soit institutionnelles créées par des chercheurs ou des professionnels de l’information qui se positionnent alors comme véritables acteurs.
Le développement d’une archive ouverte initie t-il de nouvelles formes de médiations documentaires ? Observe t-on un renouvellement ou un changement dans les fonctions et dans le rôle du professionnel de l’information ? Son implication dans l’archive ouverte favorise t-elle son utilisation ? Pour répondre à ce questionnement, nous nous sommes intéressée à une archive institutionnelle, OATAO (Open Archives Toulouse Archive Ouverte) conçue avec et pour les chercheurs, qui a pour objectif de diffuser et de valoriser la production scientifique des établissements, d’archiver des documents et de fournir des indicateurs pour l’évaluation de la recherche.
En septembre 2007, cette archive ouverte est lancée par les professionnels de l’information de l’INPT (Institut National Polytechnique de Toulouse), en partenariat avec l’ISAE (Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace).
Cette plateforme a été conçue pour devenir progressivement une base régionale pour l’archivage ouvert de la production scientifique.
Une enquête de terrain a été réalisée auprès des professionnels de l’information des dix établissements d’enseignement supérieur de Midi-Pyrénées adhérant à l’archive et impliqués dans le dépôt des publications scientifiques des chercheurs.
La méthode de l’entretien téléphonique semi-directif a été choisie afin de pouvoir recueillir des informations.
Les résultats montrent des différences entre l’implication ou le rôle du professionnel de l’information dans le développement de l’archive ouverte selon le fonctionnement de l’établissement : en particulier si le dépôt des publications s’effectue par le chercheur ou par une personne tierce ; s’il existe ou non une base de référencement des productions scientifiques du laboratoire ; si l’obligation de dépôt ou non est faite par l’établissement ; suivant le type de documents déposés ; si une autre archive ouverte est utilisée ou non.
Dans cet ensemble, on observe que les compétences du professionnel de l’information interviennent à plusieurs niveaux dans la mise en œuvre de cette archive.
Dans l’archive étudiée, la mission du documentaliste qui est de communiquer de façon libre et gratuite le savoir, dans le respect du droit d’auteur, reste essentielle.
Cependant par la maîtrise des métadonnées, donc de l’accès, il devient un acteur indispensable dans le travail éditorial.
On observe alors des rôles émergeants dans la mise en conformité de la production scientifique sur la structure de leur présentation écrite et plus précisément sur la création des métadonnées.
Les archives ouvertes semblent représenter un nouveau champ d’action pour les professionnels de l’information.
Le rôle de médiateur de l’information qui pouvait sembler s’effacer avec le développement des accès par les réseaux est au contraire renforcé par des fonctions nouvelles.